Réconciliation(s)
De la réflexion à l'action pour la journée nationale de la vérité et de la réconciliation
La semaine dernière, j’ai eu la chance d’explorer l’univers du peintre Kent Monkman au Musée des beaux-arts de Montréal, lors de l’avant-première. Devant ces impressionnants tableaux, j’ai mesuré le chemin parcouru sur la voie de la réconciliation. C’est désormais une mission essentielle qui me guide. Cette prise de conscience s’est façonnée en écoutant des Elders à Long Plain, en soutenant Kashechewan durant les incendies de forêt, au Sundance à Kainai ou encore lors de formations en commandement d’intervention avec Listuguj.
Depuis maintenant plus de 10 ans, j’ai eu le privilège de soutenir des communautés des Premières Nations à travers le Canada, avant, pendant et après des catastrophes. Cela m’a obligé à me déplacer, à aller à la rencontre, sortir de ma zone de confort.
On m’a déjà dit: « ne soit pas trop rapide à proposer des solutions: cherche à comprendre. » J’ai dû rapidement apprendre et changer ma posture : écouter, comprendre et m’immerger dans une autre réalité. Que ce soit à Pakua Shipi, Rapid Lake, Kawawachikamach ou Wemindji, j’ai été exposé à la réalité que me présentaient des Aînés et de nombreuses personnes engagées pour faire une différence pour leur communauté.
Si cette journée est propice à la réflexion, je crois fondamentalement qu’elle doit surtout orienter l’action. Sans action, nous restons dans les bonnes intentions et les slogans creux qui ressemblent à des prières floues.
La Commission de vérité et réconciliation écrivait en 2015 :
« La réconciliation est un processus continu de rétablissement et de maintien de relations respectueuses. Cela suppose la prise de conscience des torts passés, la reconnaissance des séquelles qui en découlent, l’action concrète pour les réparer et la volonté de nouer de nouvelles relations fondées sur le respect mutuel et la confiance. »
Relire ce passage devrait suffire à nous indiquer la voie à suivre.
À mon avis, nous avons encore beaucoup de chemin à faire au Québec. Trop souvent, les communautés autochtones sont mises de côté, comme si elles existaient seulement dans des mondes parallèles, dans l’indifférence ou la méconnaissance.
Plutôt que de les considérer comme des alliées et des forces enracinées dans les régions, on les réduit parfois à une « compétence fédérale ». Or, la réalité est beaucoup plus complexe : elles forment leur propre ordre de gouvernement, reconnu par l’article 35 de la Constitution, elles sont autonomes et si elles ont parfois besoin de soutien, elles ont aussi beaucoup à nous apprendre.
Comment pouvez-vous participer à la réconciliation?
Au travail : Est-ce que votre organisation a des liens les communautés des Premières Nations dont vous partagez le territoire? Connaissez-vous vos vis-à-vis professionnels autochtones? Posez-vous des gestes en lien avec les 94 appels de la Commission?
Dans la vie personnelle : Savez-vous prononcer correctement le nom des communautés proches de chez vous? Pour aller plus loin cette année, pourquoi ne pas lire un livre ou visionner un documentaire offrant la perspective des Premières Nations, visiter l’exposition de Kent Monkman, ou encore participer à un pow-wow, par exemple celui d’Odanak, pour vivre une rencontre culturelle.
Êtes-vous prêt à écouter ce que les peuples autochtones ont à dire?
Bonne réflexion!