On dit souvent: le monde a changé. Ces derniers temps, on dirait bien que c’est vrai. Peut-être avez-vous, comme bien d’autres, reçu une ou plusieurs claques dans la figure ces dernières années — ou même ces derniers mois. Même lorsqu’on voit venir certains événements, certaines catastrophes, le réveil n’en reste pas moins brutal.
On le sait : c’est toujours plus facile d’analyser après coup la cause, une fois la poussière retombée. Comme si, à moitié éveillés, on espérait que les prochains sinistres soient évités par magie, et que ceux qui nous frappent ne soient qu’un accident de parcours. Un peu comme un coureur qui voit venir la blessure… mais qui court quand même droit dans le mur. (Fait vécu.)
Pensons aux incendies de forêt de 2023. À la fermeture du pont Touzel cette même année. Aux pannes de télécommunications aux Îles-de-la-Madeleine. Aux inondations majeures de 2017 et 2019. Au verglas. Aux ruptures d’aqueduc à Montréal… Certaines de ces urgences auraient pu être évitées. D’autres auraient pu être bien pires. Notons tout de même qu’aucune perte de vie n’a été rapportée lors des feux de 2023 — un succès remarquable en soi.
Mais la vraie question demeure : serons-nous prêts et à la hauteur de ce qui s’en vient?
Le projet : Interops
Avec ce Substack – Interops – j’aimerais créer un espace de réflexion et de discussion en format court, autour des enjeux liés à la gestion des urgences. Aussi appelée « sécurité civile » au Québec, la gestion des urgences désigne l’ensemble des actions prises avant, pendant et après les catastrophes, pour s’y préparer, y répondre et s’en remettre. Et ça, c’est mauditement important.
Comme je le disais à Sarah-Maude Guindon en 2021 dans HazNet, une nouvelle génération de professionnel·es est en train d’émerger (j’en fais partie). Il est temps d’agrandir le « centre des opérations d’urgence » de notre domaine. De multiplier les voix. D’engager davantage le dialogue. De faire en sorte que plus de gens puissent développer une affinité avec la gestion des urgences, dans leur propre champ professionnel.
Oui, il existe bien un certain dialogue sur le sujet au Québec et au Canada. Mais trop souvent, il manque de portée – et surtout, les expert·es sont rarement invités à la table. Ce dialogue se déroule surtout en anglais. Et il surgit trop souvent après les urgences majeures, quant il faudrait l’amorcer avant. Des solutions existent, et il est temps d’en parler.
Interops, pour « interopérabilité », c’est une invitation à penser plus grand. À (encore) briser les silos. Prendre une pause. À bâtir un vrai plan, avec celles et ceux qui sont déjà sur le terrain.
C’est aussi reconnaître une chose : bien des professionnel·es ne peuvent pas s’exprimer publiquement – qu’ils travaillent dans la fonction publique, le secteur privé ou les ONG. Moi-même, il m’a fallu réaliser un long parcours avant d’obtenir un droit de parole à l’extérieur de mon organisation. Ici, je respecterai un devoir de réserve quant à mes fonctions actuelles.
Notre plan d’action
Mon intention est d’animer une discussion sur ce Substack, en combinant ma passion pour la transmission de connaissances, l’écriture et des observations que je fais dans le quotidien.
Et vous? Qu’est-ce qui est prioritaire quand vous pensez à la préparation aux catastrophes? Quelles sont les menaces les plus négligées aujourd’hui?
👉Dites moi ce que vous pensez dans les commentaires
Qui suis-je?
Je m’appelle Paul-Émile. Expert en gestion des urgences, un domaine dans lequel je suis à fond depuis 10 ans. Toujours, j’ai voulu faire une différence positive dans la société. Ce faisant, j’ai acquis une vaste expérience sur le terrain à travers sept provinces canadiennes, principalement en intervention d’urgence et en préparation. Mon approche repose sur les bonnes pratiques et normes nord-américaines en gestion des urgences.
Tout au long de ma carrière, j’ai eu le privilège d’appuyer les communautés des Premières Nations avant, pendant et après des catastrophes, en renforçant leur résilience et leur autonomie face aux risques.
Je suis impliqué au sein de la Croix-Rouge Canadienne à titre de bénévole pour l’équipe d’intervention d’urgence et à titre d’expert pour différents dossiers liés à la préparation et à la veille des incidents.
Actuellement, j’évolue dans le secteur pétrolier et gazier, où je veille à l’application des normes fédérales en matière de sécurité et de gestion des urgences.
Très bonne plume, et superbe initiative!
Il y a effectivement plus de place requise pour les chercheurs en sécurité civile au Québec, et si personne n'agit, ils ne seront jamais sollicités à leurs justes valeurs!
C'est à nous, nouvelle génération d'EM, de placer les conditions propices.
On l'fait!
Luc Landry, AMU, AMBCI
Je suis ravis de voir que tes idées t’ont mené à ce projet et que celui-ci a pris forme. Pour répondre à ta question, j’ai souvent l’impression que la gestion des urgences n’est pas fait en partenariat et se fait souvent par les décideurs et les organes de sécurité sur le terrain. Les personnes citoyennes ne sont pas assez impliquées, les gouvernements et organisations autochtones n’ont pas toujours une voix au chapitre et la gestion des urgences n’est pas toujours faite de manière holistique et trop peu en prévention.